Leadership en Afrique de l’Ouest : la force du collectif et des symboles

Le leadership en Afrique de l’Ouest repose sur la force du collectif, la valorisation de l’oralité et le respect des anciens. Cette approche managériale, ancrée dans les traditions locales, favorise la cohésion, la médiation et la prise de décision partagée. Cet article explore les spécificités de ce modèle, ses implications interculturelles, et propose des pistes concrètes pour les managers évoluant dans ce contexte.

Leadership en Afrique de l’Ouest : la force du collectif et des symboles

L’oralité et la transmission du savoir

En Afrique de l’Ouest, la parole est bien plus qu’un simple moyen de communication : elle est le vecteur principal de transmission des savoirs, de légitimation des décisions et de construction des relations professionnelles [1]. Les échanges oraux, souvent rituels, structurent les réunions et renforcent la cohésion. L’expression respectueuse et l’écoute attentive sont des compétences clés valorisées dans ce contexte.

Le rôle des anciens et des médiateurs

La sagesse des anciens est un pilier du leadership ouest-africain. Les doyens ou figures respectées jouent un rôle central de médiateurs et de garants de l’équilibre collectif [2]. Leur parole est sollicitée pour arbitrer les différends, valider les orientations stratégiques et accompagner les équipes. Ces pratiques s’accompagnent de symboles forts (bâton de parole, cérémonies) qui légitiment le pouvoir et renforcent la cohésion.

L’importance des rôles sociaux et du collectif

Le management en Afrique de l’Ouest privilégie la réussite collective sur l’individuel. La prise de décision se fait de manière collégiale, en impliquant toutes les parties prenantes et en recherchant le consensus [3]. Cette dynamique encourage la solidarité et la responsabilisation, bien que parfois au prix d’une certaine lenteur décisionnelle si le groupe n’est pas mobilisé.

Exemples concrets : ONG à Dakar et PME ivoirienne

À Dakar, plusieurs ONG internationales structurent leurs équipes autour de référents expérimentés issus de divers domaines (financier, RH, logistique, médical). Les décisions majeures sont prises collectivement lors de comités de pilotage associant responsables locaux et partenaires. Le responsable de programme veille à la cohésion et à la concertation, illustrant la force du collectif et la valorisation des compétences expérimentées [4].

Dans une PME ivoirienne du secteur de la distribution, la consultation régulière des membres expérimentés et la mobilisation des compétences internes sont essentielles pour valider les orientations stratégiques et renforcer la performance collective [5].

Manager en Afrique de l’Ouest : défis et bonnes pratiques pour les managers étrangers

Les managers étrangers doivent s’adapter à un environnement où la communication indirecte, le respect des hiérarchies informelles et la valorisation des relations personnelles sont essentiels [1]. La patience, l’écoute active et la compréhension des codes culturels locaux sont indispensables pour réussir. Il est recommandé de s’appuyer sur des médiateurs culturels et de privilégier la construction de relations de confiance avant d’engager des décisions importantes.

Bonnes pratiques pour manager en Afrique de l’Ouest

Prendre le temps d’écouter et de consulter les membres expérimentés et les anciens

Valoriser la parole et encourager l’expression de chacun lors des réunions

Respecter les rituels et symboles locaux qui rythment la vie professionnelle

Favoriser la prise de décision collective et la recherche du consensus

Adapter son style de management à la dynamique du groupe et aux attentes sociales

Construire des relations de confiance avant de prendre des décisions stratégiques

Conclusion

Manager en Afrique de l’Ouest, c’est comprendre la force du collectif, la place centrale de l’oralité et l’importance du respect des anciens. Ce modèle, fondé sur la consultation et la médiation, offre des clés précieuses pour réussir dans un environnement interculturel et mobiliser durablement les équipes, à condition de savoir s’adapter et respecter les codes locaux.

À retenir

  • L’oralité est le cœur de la communication et de la prise de décision

  • Les anciens jouent un rôle clé de médiation et de légitimation

  • Le collectif prime sur l’individuel dans une logique de solidarité

  • Les symboles et rituels renforcent la cohésion et la légitimité

  • L’adaptation culturelle est indispensable pour les managers étrangers

Sources & références

  1. Érudit (2021). La recherche sur le management en Afrique : état des lieux et perspectives. Analyse du rôle de l’oralité et des pratiques collectives dans le management africain. Lire l’article
  2. Kamdem E., Apitsa S.M. (2021). L’Afrique en transformation : enjeux et défis du management durable en contextes de crises. EMS Éditions. Réflexion sur les médiations culturelles et les figures traditionnelles d’autorité. Lire l’article
  3. Illa H., Karsten L. (2007). Études des styles de management au Burkina Faso et au Sénégal. University of Groningen. Comparaison des pratiques de décision collective dans deux contextes ouest-africains. Lire l’article
  4. Coordination SUD (2018). Responsable desk ONG internationale. Fiche métier. Présentation des pratiques managériales dans les ONG ouest-africaines. Lire l’article
  5. Kouamé S. (2022). Pratiques du contrôle de gestion dans les PME de distribution en Côte d’Ivoire : une étude qualitative. Revue Française d’Économie et de Gestion, vol. 3, n°10, p. 70–90. Étude de terrain sur les processus décisionnels dans les PME ivoiriennes. Lire l’article

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