Pourquoi la défiance envers les managers s’installe-t-elle si vite ?

Dans un contexte professionnel sous tension, la confiance envers les managers s’érode à grande vitesse. Loin d’être un simple effet de mode, cette défiance reflète des fragilités systémiques et relationnelles. Recrutements précipités, surcharge chronique, manque d’écoute ou de cap : autant de facteurs qui minent l’engagement et fragilisent les collectifs. Pour inverser la tendance, encore faut-il comprendre les ressorts profonds de ce phénomène.

Pourquoi la défiance envers les managers s’installe-t-elle si vite ?

Des racines organisationnelles souvent invisibles

La défiance ne jaillit pas d’un désaccord isolé. Elle prend racine dans des failles structurelles qui fragilisent les liens hiérarchiques :

  • Prises de poste précipitées sans préparation

  • Absence de formation continue

  • Manager réduit à une courroie de transmission

  • Manque de soutien des directions générales

Exemple réel : Dans une PME de 80 salariés, la nomination d’un responsable de service sans formation ni passation a conduit à une rupture progressive du dialogue avec l’équipe. Résultat : démissions en cascade, puis intervention d’un cabinet externe pour restaurer la confiance.

Quand la vision manque, le terrain décroche

Le lien de confiance ne tient pas sans cap partagé. Or, dans de nombreuses structures, les managers intermédiaires se retrouvent pris en étau :

  • Injonctions floues venues du sommet

  • Équipes en quête de sens, de cohérence, d’utilité

Ce décalage génère incompréhension et parfois cynisme. Les discours trop lisses ou éloignés du terrain sont perçus comme manipulateurs [1].

La défiance varie aussi selon les profils : décrocheurs désengagés, stables pessimistes, avant-gardistes critiques mais mobilisés [7]. Cette polarisation complique la tâche des managers.

Des postures managériales contre-productives

Certains comportements managériaux sapent la confiance :

  • Déficit d’écoute

  • Décalage entre discours et actions

  • Injustices perçues

  • Absence de reconnaissance

Ce dernier point est central : le manque de reconnaissance est un facteur majeur de rupture managériale en France [8].

« La confiance ne se décrète pas, elle se construit chaque jour par des actes concrets et une écoute sincère. »
— Éric Albert [5]

Un climat de surcharge propice à la défiance

Selon le Trust Barometer Edelman 2024, 45 % des salariés en surcharge ont perdu confiance en leur hiérarchie [4]. En France, seuls 48 % font confiance à leur manager direct [6].

C’est logique :

  • La pression dégrade les relations
  • Le manque de moyens génère des tensions
  • Le stress isole, détruit le collectif

Et les managers eux-mêmes sont touchés. En 2025, un cadre sur deux ne souhaite plus exercer de fonctions managériales, par peur du burn-out [2].

Communication brouillée = méfiance installée

Quand un manager ne sait plus expliquer ni répondre aux inquiétudes, la suspicion s’installe :

  • Le manque de transparence alimente les rumeurs [2]

  • L’absence d’accompagnement au changement accroît l’insécurité [3]

  • Les canaux informels prennent le dessus – avec tous les risques que cela implique

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Pour aller plus loin : 5 leviers pour reconstruire la confiance

D’après le Trust Barometer Edelman 2024 [9] :

  • Transparence : partager décisions et arbitrages

     

  • Compétences : investir dans la formation

     

  • Reconnaissance : instaurer des rituels de feedback

     

  • Participation : impliquer les équipes

     

  • Climat social : désamorcer les tensions, garantir le respect

Ressource complémentaire

📘 Pourquoi les vrais leaders se servent en dernier – Simon Sinek
L’auteur y développe le Cercle de Sécurité : un environnement où la confiance protège les équipes et favorise l’engagement, même en période de crise.

Conclusion

La défiance envers les managers est un symptôme d’un mal profond. Elle ne se résorbe ni par des slogans, ni par la seule bonne volonté. Elle exige des actes, de la cohérence et une vraie stratégie relationnelle.

Pour être crédible en 2025, un manager doit inspirer, écouter et assumer.
Plus qu’un chef, il est devenu un médiateur entre exigences organisationnelles et besoins humains.
C’est là que se joue la transformation managériale.

À retenir

  • La défiance s’enracine dans les failles organisationnelles, pas seulement relationnelles

  • Le manque de reconnaissance et la surcharge affaiblissent le lien hiérarchique

  • La confiance repose sur la clarté, la cohérence et l’écoute

  • Restaurer la confiance demande du temps, des rituels et un soutien structuré

  • Le manager de demain est un bâtisseur de confiance plus qu’un donneur d’ordres

Sources & références

  1. Culture RH (2025). Retour de la défiance des salariés : trois profils face au management. Analyse des postures de rupture et de mobilisation. Lire l’article
  2. L’Essentiel de l’Éco (2025). Pourquoi personne ne veut plus devenir manager en 2025. Enquête sur la désaffection du rôle managérial. Lire l’article
  3. Stratégies (2024). La défiance se globalise. Données internationales sur l’évolution du rapport à l’autorité. Lire l’article
  4. Edelman (2024). Trust at Work – Rapport spécial. Focus sur la confiance dans les relations professionnelles. Lire l’article
  5. Truong, O. & Chavanne, P.-M. (2017). La bienveillance en entreprise : utopie ou réalité ?. Réflexion sur la place de la confiance dans le management. Lire l’article
  6. LinkedIn (2025). Les crises managériales 2025. Bilan des fractures post-Covid dans les équipes. Lire l’article
  7. Courrier Cadres (2025). Est-ce vraiment la fin des managers ?. Portraits croisés de cadres déboussolés. Lire l’article
  8. Humakina (2025). Une érosion inédite de la confiance : alerte RH majeure. Analyse de l’édition 2025 du baromètre Edelman. Lire l’article
  9. Edelman (2024). Baromètre mondial de la confiance. Évolution globale des rapports de confiance dans la société.Lire l’article

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