Manager en crise : posture ou méthode ?
Manager en temps de crise, c’est bien plus qu’appliquer des recettes : c’est adopter une posture adaptée, tout en mobilisant des méthodes éprouvées. Entre leadership incarné, gestion de l’incertitude et adaptation continue, cet article propose un mode d’emploi pour traverser la tempête sans perdre le collectif, en s’appuyant sur des exemples concrets et des analyses récentes.

Posture ou méthode : un faux dilemme ?
« Ce ne sont pas les événements qui déterminent votre avenir, mais votre capacité à y répondre. » — Franck Nicolas
La crise agit comme un révélateur des limites des systèmes classiques de management. Si les méthodes (plans d’action, protocoles, outils) sont indispensables, elles ne suffisent pas sans une posture solide : présence, écoute, exemplarité, capacité à rassurer et à donner du sens. L’édition 2025 de L’état du management de l’Université Paris Dauphine-PSL souligne que la transformation des organisations face à la crise de l’Anthropocène, à la digitalisation et à la complexité croissante impose de repenser à la fois les postures et les pratiques managériales (1) (2).
Le manager doit ainsi conjuguer deux dimensions :
- La posture, qui relève de l’être, de la manière d’être au monde et aux autres, et qui influence profondément la confiance et la cohésion.
- La méthode, qui relève du faire, des outils et processus permettant de structurer l’action, d’organiser le travail et de piloter les résultats.
Ces deux dimensions sont complémentaires : une méthode sans posture peut être perçue comme froide ou autoritaire, tandis qu’une posture sans méthode peut manquer d’efficacité et de rigueur.
Les fondamentaux d’une posture managériale en crise
- Présence et accessibilité : Être visible, disponible, et montrer que l’on assume la situation, même dans l’incertitude. Cette présence rassure les équipes, évite les rumeurs et crée un climat de confiance.
- Clarté et transparence : Communiquer sur ce que l’on sait, ce que l’on ignore, et sur les décisions prises ou à venir. La transparence évite les malentendus et permet d’impliquer les collaborateurs dans la compréhension des enjeux.
- Empathie et écoute : Prendre en compte les inquiétudes, les émotions, et soutenir les équipes face à la pression. L’écoute active permet de détecter les signaux faibles et d’ajuster le management aux besoins réels.
- Courage et exemplarité : Assumer les choix difficiles, montrer l’exemple et accepter de se remettre en question. Le courage managérial est souvent ce qui fait la différence entre une crise bien gérée et une crise qui dégénère.
Ces postures ne s’improvisent pas : elles nécessitent un travail personnel, une prise de conscience et souvent un accompagnement (coaching, formation).
Les méthodes à privilégier pour piloter en crise
- Planification agile : Adapter rapidement les priorités, accepter l’incertitude et réviser les plans en continu. La rigidité est l’ennemie de la gestion de crise. Il faut savoir s’appuyer sur des cycles courts, des boucles de feedback rapides et des ajustements permanents.
- Rituels courts et réguliers : Points d’équipe fréquents pour maintenir le lien et ajuster le cap en temps réel. Ces rituels, souvent brefs mais structurants, permettent de garder la cohésion, de partager les informations essentielles et de renforcer la solidarité.
- Gestion des signaux faibles : Être attentif aux tensions, aux décrochages, et agir avant que la situation ne s’enlise. Cela demande une vigilance accrue et une capacité à interpréter les indices souvent subtils d’un mal-être ou d’une dérive.
- Co-construction des solutions : Impliquer les équipes dans la recherche d’options et la prise de décision, pour renforcer l’adhésion et la résilience. La participation active crée un sentiment d’appartenance et mobilise les talents internes.
Ces méthodes sont souvent issues des approches agiles et collaboratives, qui ont prouvé leur efficacité dans des environnements complexes et incertains.

Exemples concrets
- Organisations hybrides : Selon l’analyse de Dauphine-PSL, les entreprises ayant expérimenté des formes hybrides de management (présentiel/distanciel, équipes pluridisciplinaires) pendant la crise sanitaire ont su mieux gérer les tensions et la conflictualité, en adaptant à la fois posture et méthode. Cette flexibilité a permis de maintenir la performance malgré les contraintes inédites (1) (2).
- Formation continue : Demos souligne l’importance croissante de la formation des managers à la gestion de crise, incluant des modules sur la posture émotionnelle, la communication en situation difficile et les outils de pilotage agile (3).
Conclusion
En situation de crise, la posture et la méthode sont indissociables. Le manager doit incarner la stabilité, tout en adaptant ses outils et ses pratiques. C’est cet équilibre qui permet à l’organisation de traverser la tempête, d’apprendre de l’incertitude et de préparer le rebond collectif. La capacité à évoluer, à écouter et à mobiliser est la clé d’un management résilient et performant.
À retenir
- La posture du manager (présence, écoute, exemplarité) est aussi importante que les méthodes employées.
- L’agilité et la co-construction renforcent l’efficacité des réponses en période de crise.
- Les organisations qui expérimentent et adaptent leur management traversent mieux les crises et en sortent renforcées.
- Investir dans la formation et le développement personnel des managers est un levier essentiel pour la résilience organisationnelle
Sources & références
- Université Paris Dauphine-PSL (2025). L’état du management : édition 2025. Analyse des transformations managériales face à la crise et à la complexité. Lire l’article
- Dauphine Recherches en Management (DRM) (2025). Les organisations hybrides et la gestion des tensions en période de crise. Lire l’article
- Demos (2024). Les tendances du management d’équipe à l’horizon 2025. Panorama des évolutions en matière de management en contexte incertain et recommandations pratiques. Lire l’article