Le temps du manager : un révélateur de posture

La façon dont un manager gère son temps ne relève pas seulement de l’efficacité opérationnelle. C’est un miroir de sa posture, de ses choix et de sa capacité à incarner un leadership authentique. Cet article propose une analyse nuancée de cette relation, illustrée par des exemples concrets et des pistes d’action.

Le temps du manager : un révélateur de posture

Le temps, une ressource révélatrice

Dans l’imaginaire collectif, le manager efficace est celui qui sait « gérer son temps ». Mais derrière cette injonction se cache une réalité plus complexe : le temps n’est pas qu’une ressource à optimiser, il est aussi un révélateur de ce qui compte vraiment pour le manager.

La manière dont il arbitre entre l’urgent et l’important, dont il priorise ses tâches ou accorde du temps à ses collaborateurs, témoigne de sa posture profonde[1].

Est-il dans le contrôle ou la confiance ? Favorise-t-il l’autonomie ou la micro-gestion ? Le temps devient alors un marqueur de sa maturité managériale.

Entre urgence et importance : le choix du sens

Trop souvent, le quotidien du manager est envahi par l’urgence : sollicitations multiples, réunions à la chaîne, reporting incessant. Pourtant, la vraie posture managériale se mesure à la capacité à préserver du temps pour l’essentiel : l’écoute, la réflexion, la vision.

Un manager qui consacre du temps à ses équipes, qui sait dire non à l’inutile, montre qu’il place l’humain et le sens au cœur de son action.

À l’inverse, celui qui se laisse happer par le « toujours plus vite » risque de perdre le cap et d’épuiser ses collaborateurs[2].

Le temps partagé, un acte de leadership

Accorder du temps à ses collaborateurs n’est pas un luxe, c’est un acte de leadership.

Les moments d’échange informels, les points réguliers, les feedbacks personnalisés sont autant d’occasions de nourrir la confiance et l’engagement.

Un manager qui prend le temps d’écouter, de reconnaître les efforts, de clarifier les attentes, envoie un signal fort : « je suis présent, disponible, à l’écoute de vos besoins ».

C’est dans ces espaces-temps que se construit la qualité de la relation et la performance collective.

Plusieurs managers interrogés dans l’étude Welcome to the Jungle (2023) expliquent avoir instauré des temps informels en visioconférence, comme des “cafés virtuels”, pour renforcer la cohésion et la confiance au sein de leurs équipes hybrides[3].

Les pièges du « temps subi »

Nombreux sont les managers qui se plaignent de « manquer de temps ». Mais cette posture victimaire masque souvent un manque de clarté sur les priorités ou une difficulté à déléguer.

Accepter de ne pas tout contrôler, faire confiance, s’autoriser à lâcher prise, ce sont là des marqueurs d’une posture mature.

À l’inverse, le manager qui subit son agenda, qui court d’une urgence à l’autre sans jamais prendre de recul, finit par s’épuiser et par épuiser son équipe.

Le temps subi est le symptôme d’un management en tension, qui a perdu le sens de sa mission.

Exemple concret

Un manager d’équipe projet, débordé par les sollicitations, a décidé de déléguer la gestion de certaines réunions à ses collaborateurs seniors. Résultat : il a retrouvé du temps pour la réflexion stratégique, et ses collaborateurs se sont sentis valorisés et responsabilisés.

Le temps comme levier de transformation

Repenser sa relation au temps, c’est aussi accepter de se transformer.

Cela suppose de remettre en question ses habitudes, de revisiter ses croyances (« un bon manager doit être partout », « je dois tout valider », etc.), et d’oser expérimenter de nouveaux modes de fonctionnement.

Depuis la généralisation du télétravail et l’hybridation des rythmes, ces questions sont devenues centrales.

Beaucoup de managers ont dû réinventer leurs rituels : moins de réunions formelles, plus de points individuels, davantage de flexibilité dans l’organisation des journées.

Cette hybridation du travail oblige à repenser la présence managériale : être disponible, mais pas envahissant ; savoir lâcher prise, tout en gardant le cap collectif[4].

Les bonnes pratiques

Écoute active : instaurer des points réguliers, même courts, pour écouter les besoins et les idées des collaborateurs.

Priorisation : utiliser des outils simples (matrice Eisenhower, listes courtes) pour distinguer l’urgent de l’important.

Délégation : faire confiance, confier des missions, accepter que tout ne soit pas parfait.

Temps pour soi : préserver des moments de recul, pour réfléchir, se former, anticiper.

Feedback : prendre le temps de reconnaître les réussites et d’accompagner les difficultés.

Conclusion : Le défi collectif du temps choisi

La gestion du temps n’est pas qu’une affaire d’organisation personnelle.

C’est un enjeu collectif, un défi de culture managériale.

Oser questionner sa posture face au temps, c’est ouvrir la voie à un management plus humain, plus lucide, plus durable.

Et vous, comment choisissez-vous d’incarner votre temps managérial ? Quels petits pas pourriez-vous faire dès cette semaine pour transformer votre rapport au temps ?

À retenir

  • La gestion du temps révèle la posture managériale et la maturité du leader.

  • Prendre du temps pour l’écoute et la réflexion renforce la confiance et l’engagement.

  • Subir son temps traduit souvent un manque de priorisation ou de délégation.

  • Repenser sa relation au temps est un levier de transformation managériale.

  • Le temps choisi, partagé et assumé est un acte fort de leadership.

Sources & références

  1. Anne-Sophie Godon (2024). « Les avantages salariés représentent un élément clé du contrat social entre l’employeur et le collaborateur ». Réflexion sur les enjeux humains et organisationnels. Lire l’article
  2. Laëtitia Vitaud (2022). « Il est temps de redéfinir la notion de productivité ». Approche critique et prospective. Lire l’article
  3. Welcome to the Jungle (2023). « Comment les managers réinventent la gestion du temps à l’ère du travail hybride ». Étude de cas et témoignages. Lire l’article
  4. Charles Adrianssens & Paul Montjotin (2024). « L’Ère du temps libéré ». Analyse des enjeux liés à la maîtrise du temps dans nos vies modernes et propositions pour un rythme plus désirable. Lire l’article

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